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Trois clés pour comprendre la crise hondurienne

jeudi 19 décembre 2013   |   Mémoire des luttes
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Le 24 novembre ont eu lieu des élections générales censées permettre aux 5,3 millions de Honduriens appartenant au corps électoral de nommer leur président, trois vice-présidents (les designados), 128 députés au Congrès national, 20 au Parlement centraméricain et 298 maires.

Dans un pays qui a connu un coup d’Etat contre M. Manuel Zelaya, le 28 juin 2009, suivi d’élections qualifiées d’illégitimes le 29 novembre 2011, car organisées par le pouvoir de facto (issu du coup) et marquées par plus de 50 % d’abstentions, cet événement retenait particulièrement l’attention et a été qualifié d’« élections les plus surveillées de l’histoire du Honduras » par nombre d’éditorialistes.

Pourtant, alors que le candidat du Parti national (PN ; droite) en a été déclaré vainqueur par le Tribunal suprême électoral (TSE), avec 36,89 % des voix, le parti Liberté et refondation (LIBRE), né de la résistance au coup d’Etat et emmené par l’épouse de M. Zelaya, Mme Xiomara Castro (28,77 %), dénonce une fraude massive et, preuves à l’appui, refuse d’en reconnaître le résultat.

A la grande satisfaction de l’oligarchie, la victoire du Parti national a été confirmée par les missions d’observation internationale du Centre Carter, de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation des Etats américains (OEA). Toutes ont estimé que les élections ont été transparentes, ce qui, d’une certaine manière, a mis fin à tout débat (pour le moins, à l’étranger).

Il y a là de quoi s’étonner. Dans son rapport préliminaire, présenté à la presse le 26 novembre, soit deux jours après l’élection, l’UE note, entre autres remarques, que le registre électoral n’a fait l’objet d’aucune mise à jour et que « environ 30 % de ses noms correspondent à des personnes qui ont émigré ou sont mortes, tandis que dans un nombre inférieur de cas, elles sont vivantes et ont été déclarées décédées ». Quant à l’OEA, le 20 novembre, trois jours avant le scrutin, elle avait remis au TSE les résultats de l’audit effectué par ses soins sur le système informatique de transmission des résultats (Sistema integrado de escrutinio y divulgación electoral  ; Siede). Pour qui sait lire, les conclusions en étaient accablantes et confortent les accusations de LIBRE : ces essais ont mis en évidence une série de manques, d’incohérences et de failles ne permettant nullement, d’après l’OEA, d’assurer que le système était fiable.

Malgré la demande d’impugnacion (contestation) très documentée présentée par LIBRE, le TSE a refusé de procéder à un examen et à un recomptage des résultats. Cet épisode honteux, impliquant la « communauté internationale », a été totalement passé sous silence par les médias.

Pour se faire une idée plus précise des divers éléments de ce dossier, nos lecteurs hispanophones trouveront ci-dessous : l’intégralité du document d’impugnación de LIBRE présenté au TSE ; le rapport de l’OEA ; le rapport préliminaire de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (Moe-Ue).
 

Photo : Maurice Lemoine





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