Ce dimanche 12 octobre, plus de la moitié des 10 millions de Boliviens se rendront aux urnes (le vote est obligatoire) pour élire non seulement le président de l’Etat plurinational de Bolivie et le vice-président, mais aussi les 130 députés et les 36 sénateurs des deux Chambres. Pour la première fois, tous les Boliviens résidents à l’étranger pourront voter. Et pour la première fois également le principe de parité et d’alternance homme-femme sur les listes est appliqué ; 52% des candidats sont des femmes.
Cinq personnalités aspirent à la présidence : Evo Morales, actuel président, au pouvoir depuis 2006, chef du MAS (Mouvement vers le socialisme) ; Samuel Doria Medina, dirigeant de l’Unité démocratique (UD, centre-droit) ; Juan del Granado, ancien maire de La Paz, leader du Mouvement sans peur (Movimiento sin miedo, social-démocrate) ; Jorge Quiroga Ramirez, du Parti démocrate-chrétien (PDC) ; et Fernando Vargas, dirigeant de l’organisation Territoire indigène-Parc national Isiboro Secure (TIPNIS), candidat du parti Vert.
Pour être élu, un candidat doit obtenir la majorité absolue des voix au premier tour, ou un minimum de 40% des suffrages avec une différence de 10 points par rapport au candidat situé en deuxième position. En cas de ballotage, un second tour est prévu le 7 décembre.
Mais le second tour paraît improbable. En effet, à la veille du scrutin, tous les sondages donnaient le président Evo Morales vainqueur dès le premier tour avec une différence, sur le candidat arrivé après lui, de plus de 40 points !
Les sondages indiquent également que le parti du président Morales l’emporterait au Sénat et à l’Assemblée. Il pourrait compter, dans les deux Chambres, sur une majorité des deux tiers.
Evo Morales l’avait emporté une première fois en 2006 avec 54% des voix, et de nouveau en 2009 avec 64% des suffrages. S’il renouvelait sa victoire ce 12 octobre, son mandat de 5 ans — qui démarrerait début 2015 — lui garantirait un maintien au pouvoir jusqu’en 2020. Il ne pourrait pas alors se représenter car la nouvelle Constitution, votée en 2009, ne permet pas plus de deux mandats consécutifs. Mais il ne lui serait pas interdit de se représenter après 2025...
Le succès économique de la Bolivie est le principal atout d’Evo Morales. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la croissance a été en 2013 de 6,7%, et devrait être en 2014 de 7,2%, la plus élevée de toute l’Amérique latine. Ses réserves en devises sont parmi les plus importantes de la région. Plus d’un million de personnes (10% de la population) sont sorties de la pauvreté grâce aux programmes sociaux. Le niveau de vie moyen a augmenté, le chômage a baissé, les progrès en matière d’éducation et de santé sont spectaculaires. Un ambitieux programme de constructions d’infrastructures (routes, ponts, tunnels) est en train de transformer la géographie torturée de ce pays montagneux. La construction de deux lignes de téléphériques ultramodernes à La Paz témoignent de ce qui est accompli dans l’ensemble de la Bolivie et qui améliore les transports et la vie de milliers de personnes. Pour la première fois de son histoire, la démocratie est consolidée dans ce pays qui a connu quelque 120 coups d’Etat en un siècle...
Tout ceci explique le soutien populaire à Evo Morales. Ajoutons pour finir que même les oligarchies sécessionnistes de la région de Santa Cruz adhèrent désormais au programme de développement impulsé par le président. Et, impensable, les grands groupes médiatiques privés, qui avaient pris la tête de la campagne d’opposition au président, chantent maintenant les louanges à la stabilité du pays et à la forte croissance économique. Mais Evo Morales devra rester sur ses gardes, si sa victoire se confirme, les défis ne manqueront pas.