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Chavez, le peuple et les « pitityankees »

mercredi 17 septembre 2008   |   Muriel Knezek
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Dans les couloirs du palais présidentiel vénézuélien Miraflores, la pression monte. Résolu à poursuivre les transformations dans le pays, Chavez se place aujourd’hui avec détermination sur le front des nationalisations. Parallèlement, en novembre prochain, le pays s’engagera dans une nouvelle phase d’élections dans les régions. Si les résultats se révèlent favorables au gouvernement, ils marqueront le pas de l’avancement de la révolution bolivarienne. Mais, face à la critique de l’opposition « pitiyankee » et à une population essoufflée, le chemin s’annonce malaisé et le travail acrobatique.

Dans les couloirs du palais présidentiel vénézuélien Miraflores, la pression monte. Résolu à poursuivre les transformations dans le pays, Chavez se place aujourd’hui avec détermination sur le front des nationalisations. Parallèlement, en novembre prochain, le pays s’engagera dans une nouvelle phase d’élections dans les régions. Si les résultats se révèlent favorables au gouvernement, ils marqueront le pas de l’avancement de la révolution bolivarienne. Mais, face à la critique de l’opposition « pitiyankee » et à une population essoufflée, le chemin s’annonce malaisé et le travail acrobatique.

De source sûre le monde ne s’est pas fait en un jour, alors la révolution vénézuélienne aurait du mal à prétendre à son aboutissement après dix ans de chavisme. Aujourd’hui, le président Chavez et son gouvernement sont à la veille d’une nouvelle étape dans la réforme du pays avec les prochaines élections des gouverneurs des régions qui auront lieu le 23 novembre 2008. Celles-ci seront décisives et essentielles pour l’expansion sereine de la politique chaviste sur l’ensemble du territoire. Pour continuer à avancer, il va falloir encore convaincre et jouer l’efficacité, car – même si l’opposition toujours virulente s’éparpille dans ses candidatures multiples – le peuple vénézuélien attend des évolutions et des avancements concrets répondant à leurs préoccupations. Il faut rappeler qu’en décembre 2007, lors du referendum sur la réforme de la Constitution, plus de 4 millions de voix chavistes pour 14 millions d’électeurs ont été perdues par une lassitude dans la motivation populaire et un attentisme quant aux changements. La bataille s’annonce donc serrée.

Qu’en est-il aujourd’hui, à peine 3 mois avant le scrutin ?

La révolution et les fermes décisions qu’elles doivent engendrer poussent enfin Chavez à entreprendre une politique volontaire de nationalisations des activités centrales de la société vénézuélienne. Grâce à des revenus pétroliers conséquents, favorisés par le boom du prix du baril, le portefeuille gonflé du gouvernement autorise largement rachats, investissements, coopérations et… nationalisations. C’est dans ce sens, et à grands pas, que se feront les transformations. Avec une poigne de fer, Chavez est décidé aujourd’hui à user de la réforme pour montrer à son peuple qu’il continue de tracer le chemin, sans s’arrêter à de simples promesses. Egalement décidé à faire face à une opposition agressive, destructrice, menteuse et totalement libre d’expression, contrairement à ce qui est dit. Il est temps d’associer au travail des missions gouvernementales, efficace mais de longue haleine, une politique socialiste suprême par le biais de lois et de décrets. Le moteur est là, la vitesse supérieure enclenchée – celle qu’il faut pour que le peuple vénézuélien puisse se redéfinir comme « suiveur sain », fidèle, et qu’il y trouve de nouvelles satisfactions.

Pour Chavez, ce programme de nationalisations est l’outil majeur pour répondre aux manipulations, pressions et coups bas de l’opposition possédante. Le seul moyen pour avoir les mains libres et construire la société socialiste qu’il propose en tant que « militaire révolutionnaire » non comme « dictateur ».

Le travail sournois et déstabilisateur de l’opposition « pitiyankee » crée actuellement une véritable guerre de position presque sans issue si Chavez ne fait pas dès à présent autorité. Dans ce contexte, le gouvernement est donc résolu à utiliser ses pouvoirs souverains et à les exercer sans états d’âme. Ce que le peuple attend, ni plus ni moins.

Les solutions

Après un premier processus de nationalisation de la sidérurgie, de la téléphonie (Cantv-Movilnet) il y a un an, puis de l’électricité (Corpoelec) il y a quelques mois, le plan d’Etat s’élargit de façon stratégique.

Quelle solution a Chavez pour lutter contre la contrebande du pétrole, organisée à l’étape de son transport et de sa distribution majoritairement privés, conduisant à des pertes de revenus flagrantes ? Sinon celle de supprimer ces intermédiaires (Texaco, BP et Shell) et de nationaliser les stations services pour les intégrer au circuit Petrosur-Petrocaribe de PDVSA. Sur le principe du « rendre à César ce qui appartient à César », PDVSA se déploiera dorénavant comme entreprise de production sociale (empresa de producion social), en se définissant nouvelle PDVSA du peuple (la nueva PDVSA es del pueblo).

Quelle solution a Chavez pour entreprendre et mener à bien sa politique de grands travaux face aux entraves, mélis-mélos et divers pots-de-vin du bâtiment qui ralentissent ou empêchent les processus ? Sinon de nationaliser deux des plus grosses sociétés de ciment – Cemex, filiale vénézuélienne du groupe mexicain, et Lafarge, compagnie française – et ses succursales afin d’avoir les moyens de son programme.

Quelle solution a Chavez pour modifier le fonctionnement du système bancaire et financier actuels – manipulés par des intérêts « pitiyankees » extérieurs au pays, pour qui les profits sont étonnants – allant à l’encontre des nécessités de la société vénézuélienne ? Et quelle solution a Chavez, lorsque ce mécanisme en place pousse au surendettement de la population, engagée dans un modèle américain de consommation et ainsi de crédit pour payer le crédit ? Sinon de nationaliser la Banco de Venezuela – propriété du groupe espagnol Santander – afin d’en rectifier les principes et de stopper cette machine infernale qui ruine les foyers.

Le système des banques communales, mis en place depuis 4 ans, a ainsi permis de financer nombre de coopératives agricoles qui se développent comme champignons en forêt et qui révèlent d’excellentes performances. Sur l’exercice 2007-2008, la surface des terres cultivées a augmenté de 20% et la production oscille, selon les cultures, entre +10 et +25%.

Quelle solution a Chavez quand il décide de rehausser le smic de 30% et que – pour répondre à cette évolution sociale – les distributeurs « pitiyankees » augmentent le prix des aliments de base de 30% ou organisent le lock-out ? Sinon celle d’ouvrir des supermarchés d’Etat – les Mercal – où les prix pratiqués équivalent à ceux de nos discounters européens. Ou encore d’organiser des marchés populaires dans tout le pays où se retrouvent en direct producteurs et consommateurs faisant ainsi chuter les prix jusqu’à 50%.

Guerre à la guerre

Par nécessité absolue, Chavez est en permanence sur le terrain, accompagné de sa flotte de ministres. Ici pour expliquer et clarifier, là pour démentir et dénoncer. Menaçant l’ingérence « pitiyankee » d’une réplique digne de l’art martial, non-violente et imparable. Les Conseils des ministres, en direct du palais présidentiel Miraflores, sont diffusés à la télévision en toute transparence. Chavez, comparable à un David du XXIe siècle socialiste contre un Goliath « pitiyankee », défie en tout intelligence et grâce uniquement au matériel social.

La traînée de poudre révolutionnaire, synonyme d’Alba – collaborations, ententes et coopérations inters pays latino-américains –, se confirme et renforce la tendance. Le Honduras, le Paraguay, l’Equateur, la Bolivie, l’Argentine signent aujourd’hui sans hésiter, avec Chavez comme pivot central dynamique. L’objectif étant de construire une indépendance sud-américaine, l’arme unique.

Pour l’heure, dans le pays, la campagne officielle de ces élections des gouverneurs des régions débutera le 23 septembre prochain. Le parti socialiste vénézuélien (PSUV) commence dès à présent à occuper le terrain. Ses bataillons de militants décidés à en découdre, et la télévision d’Etat là pour les suivre et en faire part. La population, sensibilisée à son devoir de vote et à son inscription sur les registres électoraux, afflue sur les places publiques ou dans les couloirs de métro pour se faire enregistrer.

A ce jour, 7 états sur 23 dans le pays sont à droite, une minorité mais pas des moindres puisqu’il s’agit d’Etats riches et puissants tels que ceux de Zulia, Sucre, Caraïbo, Carabobo, dotés d’un fort potentiel pétrolier, agricole et industriel. Dans cette bataille du pouvoir, la corruption reste un point d’achoppement qui va rendre le parcours difficile. Le Venezuela est loin d’échapper au phénomène de l’attrait pervers de l’argent et des intérêts personnels, et ce même au sein des troupes chavistes – la « cinquième colonne » socialiste opportuniste ! Sans oublier la vieille oligarchie vénézuélienne qui n’est pas en reste.

Alors prudence ! Chavez se doit d’être ni aveugle ni dupe, et encore moins conciliant. L’enjeu est primordial pour l’avenir du socialisme vénézuélien et latino-américain. Le peuple le suivra si la confiance, la méthode et les preuves sont là. La révolution n’est qu’entamée, Chavez le sait. A Cuba, il a fallu 50 ans de résistance et de combat pour concrétiser, matérialiser et stabiliser, non sans inquiétude ni incertitude encore aujourd’hui. Les « pitiyankees » sont aux aguets, leur crédibilité toutefois bien entamée. C’est donc dans la ténacité et grâce à l’accompagnement du peuple vénézuélien que Chavez arrivera à ses fins – qu’il se le dise.





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