Les électeurs irlandais viennent de donner raison à M. Nicolas Sarkozy. Dans des propos « off » rapportés par le quotidien britannique The Daily Telegraph daté du 15 novembre 2007 (et non démentis par l’Elysée), il affirmait que « des référendums sur le nouveau traité européen seraient dangereux, et un tel référendum en France serait perdu, de même qu’au Royaume-Uni et dans d’autres pays ».
C’est pour se prémunir contre cet échec annoncé que le président de la République avait décidé de faire procéder à la ratification du traité de Lisbonne par le Parlement, où une majorité était d’avance acquise. Ce qui revenait à bafouer la souveraineté populaire qui s’était exprimée le 29 mai 2005 en rejetant à une majorité de 55 % une « Constitution » européenne dont le nouveau traité n’est qu’une copie quasiment conforme.
Tout aussi méfiants à l’égard de leurs peuples, les autres gouvernements de l’Union européenne (UE) ont jugé prudent de suivre cet exemple. Il en est cependant un, et un seul, celui de la République d’Irlande, qui ne pouvait constitutionnellement se soustraire au verdict du suffrage universel. Et les résultats sont là : le « non » l’emporte largement et il est particulièrement massif dans les catégories populaires. Comme l’avait été le « non » français.
Well done Ireland !
Résistant aux pressions, voire au chantage de tous les partis de gouvernement, du patronat et de l’Eglise, ainsi qu’aux objurgations des autres dirigeants européens, les Irlandais, nation rebelle, ont dit sans équivoque qu’ils ne voulaient pas de cette Europe-là. Et ils ont en quelque sorte également voté par procuration pour tous les autres citoyens des Etats membres de l’UE auxquels on a dénié le droit de s’exprimer.
Face à un tel désaveu, la logique démocratique la plus élémentaire voudrait que les institutions communautaires et les gouvernements des Vingt-Sept remettent sur le chantier un projet européen incapable d’entraîner l’adhésion des citoyens. Ce devrait être la première priorité, certes non prévue et encore moins désirée, de la très prochaine présidence française de l’UE.
Mémoire des luttes, Paris, 13 juin 2008.
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