Hier, dimanche 17 novembre 2013, se sont multipliés les évènements de clôture des campagnes électorales des neuf partis politiques en lice aux élections générales honduriennes (présidentielles et régionales), qui se dérouleront le 24 novembre prochain. C’est dans une ville en pleine effervescence que je me suis rendue au meeting organisé par le parti Liberté et refondation (LIBRE), actuellement donné favori dans les sondages d’opinion. Ce parti, surgi du mouvement de résistance au coup d’État du 28 juin 2009 orchestré contre Manuel Zelaya, joue actuellement les trouble-fêtes au sein d’un système politique jusqu’alors traditionnellement bipartite (le parti libéral et le parti national, actuellement au pouvoir, se succédant aux commandes de la République depuis la fin de la dictature militaire au début des années 80).
La candidate présentée par le parti LIBRE à la présidence du pays n’est autre que Xiomara Castro de Zelaya, épouse du président destitué. Cette dernière est actuellement donnée vainqueur dans les sondages. Les militants de LIBRE, dont beaucoup sont descendus dans les rues à la suite du coup d’État, voient en cette nouvelle option politique une véritable possibilité de changement social, alors que le Honduras se trouve actuellement dans une situation plus critique que jamais.
Le Honduras est actuellement dirigé par un gouvernement considéré illégitime par une partie de la société civile hondurienne. Le président actuel, Porfirio Lobo Sosa, incarne sans surprise la continuité d’une longue série de dirigeants politiques représentant les intérêts d’une oligarchie puissante. De plus, triste détenteur du record du taux d’homicide le plus élevé au monde (avec 85,5 homicides pour 100 000 habitants), le pays flirte aussi dangereusement avec des niveaux d’impunité et de corruption alarmants. Nombreuses sont les organisations de défense des droits de l’homme qui ont tenté d’attirer l’attention sur la situation de violence généralisée qui embrase cette petite république d’Amérique centrale relativement méconnue.
Parfois médiatisée à travers le thème sensationnaliste des "Maras" (gangs très violents qui sévissent depuis les États-Unis jusqu’en Amérique centrale), la violence qui affecte les Honduriens au quotidien est pourtant polymorphe. Divers groupes de défenseurs des droits de l’homme sont régulièrement pris pour cible (paysans sans terres, populations autochtones et afro-descendantes, communauté Lesbiennes, Gays, Bi et Trans -LGBT-, groupes féministes, défenseurs de l’environnement). Pourtant, cette réalité reste largement invisible dans les médias honduriens et internationaux.
C’est précisément la crainte de voir se dérouler les élections générales du 24 novembre dans un climat de haute tension favorisant des violations des droits de l’homme qui a poussé de très nombreux observateurs internationaux à se rendre dans le pays. Au vu des divers enjeux, notamment économiques et politiques (le territoire regorge de ressources naturelles très convoitées), que génèrent ces élections générales au Honduras, la tension est à son comble et le spectre d’une fraude électorale est dans tous les esprits. La re-militarisation progressive du pays, qui rappelle aux Honduriens le goût amer de la répression subie au cours des années 1980, amplifie la crainte d’une violation des droits civils et politiques des citoyens qui se rendront aux urnes dimanche prochain.
A sept jours du scrutin, l’incertitude reste totale quant à l’issue de cette élection. Les militants du parti LIBRE, eux, n’ont cessé de clamer leur conviction : seule Xiomara peut insuffler un vent de démocratie dans un pays encore meurtri par le coup d’État.