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Bernard Cassen 
Un vivant

vendredi 13 juin 2025   |   Christophe Ventura
Lecture .

"Malheureusement, je ne suis ni poète ni romancier ni dramaturge ! (...) Si je devais malgré tout proposer quelque chose, alors oui, pourquoi pas : « homme-orchestre engagé dans le débat d’idées » ?".

Le Monde diplomatique, Les Amis du Monde diplomatique, Attac, les Forums sociaux mondiaux, la construction d’un internationalisme altermondialiste au 21e siècle, l’université Paris VIII et l’Institut d’études européennes, la Maison de l’Amérique latine , la connaissance de l’Amérique latine et des questions européennes dans le débat public français, l’élaboration et la diffusion de la critique du néolibéralisme et du capitalisme financiarisé dans la gauche française et plus largement dans toute la société, la promotion de la langue française et des langues romanes (tout en étant un amoureux de l’anglais). La liste des combats, des causes et des apports de Bernard Cassen est longue et sa personne participe de la vie et du parcours de beaucoup d’entre nous qui lui devons tant. Je sais que nous sommes nombreux, et dans le monde entier.

Bernard ne dissociait jamais pensée et action, théorie et organisation. C’était un tout, un principe d’engagement et de vie. Aucune théorie n’avait pour lui de sens si elle ne finissait pas par trouver une application dans l’ordre concret des choses et de leur transformation.

Il apportait un soin méticuleux à tout, il était un horloger et un orfèvre de l’organisation politique et des collectifs humains. Il croyait à la valeur du travail et des gens, qui qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Son respect naturel et spontané allait vers ceux du monde populaire, d’où il venait. Il reconnaissait les siens.

Il donnait toujours de lui et de son temps, derrière lequel il courrait tant agenda en main, pour les autres, sans compter. Bernard était un partageux à la générosité consubstantielle, l’ami à indéfectible loyauté, un passeur, un lutteur, un fédérateur, un meneur, un rieur, un vivant acharné à l’enthousiasme contagieux et mobilisateur.

Le mieux pour celles et ceux qui veulent s’intéresser à cet homme au sourire malicieux et à son parcours en ces tristes jours de disparition, est de lire cet entretien réalisé par Antony Burlaud dans la revue Savoir/Agir.

C’était en 2020, Bernard avait hésité à le faire, par pudeur en réalité. Nous l’avions convaincu et il s’est attelé à la tâche avec toute la concentration, le sérieux et la précision qui le caractérisaient au travail.





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