Bien qu’elles soient loin d’être exemptes de biais idéologiques, les organisations de défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression font en général leur travail. L’important est ce qu’il advient de leurs rapports. Qu’en font les grands médias sans lesquels ces documents n’ont aucune chance d’exercer une pression sur les Etats « délinquants » ?
En Amérique latine, le cas du Honduras est exemplaire à cet égard. Depuis l’élection à la présidence, en janvier 2010, de Porfirio Lobo, organisée par les putschistes qui avaient renversé, en juin 2009, le président Manuel Zelaya, 23 journalistes ont été assassinés dans ce pays de 6,5 millions d’habitants (soit dix fois moins que la France). Des dizaines d’autres ont été victimes de violences, ont reçu des menaces de mort ou se sont trouvés dans l’impossibilité de faire leur travail.
C’est ce que rappelle et documente le témoignage d’Alexander Main (document pdf ci-dessous) présenté à la Commission Tom Lantos des droits de l’homme du Congrès des Etats-Unis, qui porte le nom de son fondateur, le Représentant du 12ème district de Californie Tom Lantos, décédé en 2008.
Faisons un test médiatique. Le Monde du 18 juillet dernier a consacré un article sur 4 colonnes au rapport de Human Rights Watch (HRW) sur le Venezuela, qui dénonce ce qu’il considère comme « une justice aux ordres du président et des médias contraints à l’autocensure ». Le même HRW, Amnesty International, Reporters sans frontières, l’Organisation des Etats américains (OAS) et bien d’autres ont mis en lumière la situation du Honduras où des journalistes risquent tous les jours leur vie en faisant leur métier. Certes on objectera que le gouvernement de Porfirio Lobo est un « ami » des Etats-Unis, ce qui n’est évidemment pas le cas de Hugo Chavez. Alors, pour le petit Etat centraméricain, bientôt une simple « brève » ou 4 colonnes dans le quotidien de référence français ?