La situation économique dans la zone euro continue à se dégrader rapidement.
En Grèce, avec la double annonce de la suspension des négociations avec le FMI et de la suspension des prêts de la BCE aux banques, la panique bancaire (bank run) modérée que l’on connaît actuellement peut à tout moment s’amplifier et devenir incontrôlable. Il faut se souvenir qu’en Russie, en 1998, ce fut une telle panique qui sonna la fin du système économique eltsinien. En 5 jours, les banques étaient exsangues et le gouvernement contraint de déclarer un défaut et de laisser flotter le rouble, ce qui aboutit à sa dévaluation de 50 %. Si le système bancaire grec s’effondre dans les prochains jours, il n’y aura plus d’arguments, autres que politiques, pour refuser un défaut et une sortie – à terme – de l’euro.
En Espagne, l’adjudication, le 17 mai, d’une somme de 2,54 milliards d’euros s’est faite dans de mauvaises conditions. Les taux à 4 ans sont montés au-dessus de 5 % et les taux à dix ans atteignent 6,3 %. Le rapprochement rapide des taux « courts » avec les taux « longs » est un symptôme indubitable d’une crise de liquidité. L’Espagne est désormais dans la même situation qu’au début de novembre 2011.
La dégradation de la note de 16 banques espagnoles par l’agence de notation Moody’s est logique quand on sait que le pourcentage de crédits non remboursés atteint désormais 8,1 % de l’encours total. Et ce chiffre n’est qu’une moyenne. Dans certaines banques, on atteint des taux de plus de 10 %. Le pays est coincé entre une récession qui provoque un taux de chômage historique et une crise bancaire massive, qui vient de l’insolvabilité des ménages. Ceci avait été annoncé en septembre dernier.
La solution est que l’État prenne à son compte les dettes privées dont le montant se situe désormais entre 170 et 250 milliards d’euros. Sous la menace d’une panique bancaire - qui peut se déclencher très rapidement -, le gouvernement ne pourra plus tergiverser et devra demander à bénéficier de l’aide du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Cette situation entraîne une aggravation rapide de la crise en Italie (où les taux à 10 ans ont atteint 5,8 %), au Portugal (déjà sous perfusion du FESF) mais aussi en France où l’écart des taux avec l’Allemagne a atteint ces derniers jours 1,4 % (142 points de base).
La mécanique de la crise de l’euro s’est bel et bien remise en marche, en fait dès la fin du mois de mars. Cette crise s’accélère et se généralise avec la concomitance des problèmes grec et espagnol. Si une panique bancaire se produit en Espagne, ou si le même mécanisme s’accélère en Grèce, la question d’un effondrement à très court terme de la zone euro ne pourra plus être éludée. Faute de réponses structurelles, aujourd’hui impossibles - tant pour des raison politiques qu’institutionnelles -, une dissolution ordonnée de cette zone apparaît comme la seule solution susceptible de préserver l’avenir et de permettre la survie de mécanismes de coordination monétaire.