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Un entretien avec le leader palestinien Moustapha Barghouti

“Pour une résistance de masse non-violente contre Israël”

dimanche 25 mai 2008   |   Ignacio Ramonet
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Article publié dans Le Monde diplomatique en español

Né en 1954 à Jerusalem, Moustapha Barghouti est médecin, formé dans les universités de Moscou, Jerusalem et Standford. Il est Secrétaire général d’Al Mubadara (Initiative Nationale Palestinienne, INP), une organisation politique laïque. Il a été ministre de l’information dans le gouvernement palestinien d’union nationale constitué en 2007 après les élections législatives. Il fut aussi, en 2006, candidat à l’élection présidentielle, dans laquelle il obtint un tiers des voix et se classa en seconde position, derrière le président actuel de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas.
Leader de la principale organisation de Résistance de masse qui s’appuie sur la force de la non-violence, le Dr Barghouti a pour modèle de référence Gandhi, le Père de l’indépendance de l’Inde, obtenue contre les Britanniques au moyen d’une stratégie de non-violente. Au sein d’une société palestinienne malmenée par six décennies de violences, lasse de la corruption du Fatah et méfiante à l’égard du fondamentalisme du Hamas, le soutien populaire aux thèses d’Al Mubadara s’affirme de jour en jour.
Le Dr Barghouti compte aussi sur un appui international de plus en plus considérable comme en témoigne la visite que lui a rendu, à Ramallah, en avril dernier, l’ancien président des Etats-Unis, M. James Carter. Le mouvement pacifiste israélien lui apporte par surcroît son concours et son soutien.
M. Moustapha Barghouti mise sur une société palestinienne laïque, édifiée sur les principes d’une démocratie radicale, elle-même enracinée dans les mouvements sociaux et fondée sur les principes d’éthique et de transparence du bon gouvernement et des droits humains. Pour obtenir la pleine souveraineté de son pays, il est partisan d’une lutte déterminée mais pacifique contre l’occupation.
Nous conversons avec lui dans son moderne bureau de Ramallah, en Cisjordanie, d’où l’on aperçoit, à travers de lumineuses baies vitrées, sur le sommet de collines peu éloignées, la construction d’une nouvelle colonie israélienne...

IGNACIO RAMONET

 

 

  • Le 14 mai 2008 marque le soixantième aniversaire de la création d’Israël et aussi de ce que les Palestiniens appellent la "Nakba", la catastrophe. A cette occasion, quel jugement portez-vous sur les relations actuelles entre Israël et les Palestiniens ?

Après soixante ans de déposséssion, quarante-et-un ans d’occupation, dix-sept ans de la Conférence de Madrid, quinze ans des Accords d’Oslo, et après de nombreuses Résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, en particulier la 242 [1967] et la 338 [1973], pour la recherche d’une solution juste et durable à des décennies de conflit entre Israël et les Palestiniens, je ne suis pas optimiste. Alors que nous devrions enfin nous approcher de la paix.

 

  • Ce n’est pas le cas ?

Non. Au contraire. Nous voyons que le problème se complique et se complexifie en raison de l’intransigeance des autorités israéliennes. Et cela, quelle que soit l’attitude des Palestiniens. Ceux-ci ont tout essayé : la résistance armée, la résistance non-violente, la participation, la non-participation, etc. Sans aucun résultat concret. Chaque jour, la situation devient plus difficile en Palestine.

 

  • Vous oubliez l’intransigeance aussi du Hamas.

Aujourd’hui, dans les médias, en effet, on parle beaucoup du Hamas. Mais le Hamas n’existait pas il y a vingt ans. Le Hezbollah libanais non plus d’ailleurs. C’est en quelque sorte Israël qui a favorisé leur création par son attitude d’affrontement systématique contre les Palestiniens. Si on veut être objectif, il faut reconnaître qu’aussi bien le Hamas que le Hezbollah sont la conséquence de l’intransigeance israélienne. Alors que, dès la fin des années 1980, l’Organisation pour la Libération de la Palestine [OLP] était prète à négocier et à règler le problème.

 

  • Mais les attentats n’ont pas cessé. Et on comprend que la population israélienne soit préoccupée par sa sécurité. Ne pensez-vous pas ?

Certes. Mais en tant que docteur, je peux vous affirmer qu’une des pires erreurs que peut commettre un médecin c’est de confondre les symptômes et les causes d’une maladie. S’il les confond, il court le risque de tuer le patient.
Or, dans leur pratique de la propagande, les Israéliens mélangent fort habilement les symptômes et les causes. Ainsi, presque tout ce que les médias rapportent sur le conflit israélo-palestinien a trait à la violence. Mais ils oublient de dire que la violence n’est qu’un simple symptôme, l’expression d’un malaise, une manifestation produite par quelque chose d’autre, par une cause. Et ils rappellent rarement que la cause de cette violence est l’occupation israélienne. Ils omettent de préciser que – comme, par exemple, en France de 1940 à 1944 - l’occupation elle-même constitue la pire des violences.


  • Vous pensez que la situation des Palestiniens aujourd’hui est semblable à celle des Français sous occupation allemande ?

Non, je ne veux pas comparer des situations qui ne sont pas identiques. Mais il est clair que l’occupation de la France entre 1940 et 1944 n’a pas été causée par la violence de la Résistance. De même que la violence des Indiens révoltés, en Inde, contre la présence coloniale britannique n’était pas la cause de cette colonisation. C’est l’occupation qui est la cause. La violence contre l’occupation n’est qu’un symptôme. Il ne faut pas confondre les deux termes. Or les médias les mélangent systématiquement. Et embrouillent les choses.

 

  • Peut-être parce que des Palestiniens ont commis des attentats contre des civils israéliens particulièrement odieux.

C’est une situation étrange, et effectivement tragique. Ici, on demande aux occupés de garantir la sécurité des occupants. C’est surréaliste. Pour expliquer une situation très simple - un pays a été occupé, ses habitants se défendent contre les occupants – on en est venu à tellement emberlificoter les choses que les gens finissent par tout comprendre à l’envers : les victimes seraient les agresseurs, et les agresseurs les victimes.
On a d’abord commencé par embrouiller les esprits des Israéliens eux-mêmes. Puis, peu à peu, le reste du monde.

 

  • Comment expliquez-vous cela ?

Parce qu’il existe, en Israël, un important complexe militaro-industriel. Semblable à celui que, dès 1960, dénonçait aux Etats-Unis le président Eisenhower. Et ce complexe militaro-industriel a beaucoup profité des guerres successives d’Israël contre les Etats arabes ainsi que du conflit contre les Palestiniens.

 

  • Comment définiriez-vous ce complexe ?

Il est beaucoup plus sophistiqué que son homologue américain. On pourrait le définir comme un complexe militaro-industriel-numérique. Il se nourrrit de toutes les guerres qui se sont succédées depuis 1948. Et fait tout pour entretenir ces affrontements ainsi que la conflictivité en général, aux dépens des citoyens israéliens eux-mêmes qui en sont les premières victimes.
Israël est non seulement une puissance nucléaire plus importante, par exemple, que la France, mais cet Etat est aussi devenu l’un des premiers exportateurs d’armes et de dispositifs de sécurité.

 

  • Vous n’exagérez pas un peu ?

Selon les dernières statistiques, Israël est le quatrième plus grand exportateur d’armes du monde. Après les Etats-Unis, la Russie et la France [1]. Mais il ne se contente pas d’exporter des armes. De plus en plus, Israël exporte des dispositifs de sécurité électroniques, des systèmes d’alerte et de défense, des techniques de contrôle, des drones de surveillance et de prévention, etc. Et, comme vous savez, depuis les attentats du 11 septembre 2001, la vente de tous ces dispositifs explose.

 

  • Vous pensez vraiment que le caractère d’exportateur d’armes d’Israël détermine sa politique à l’égard des Palestiniens ?

Oui. Parce qu’on ne peut comprendre l’évolution d’Israël qu’en analysant l’évolution de son appareil militaire. Au début, entre 1920 et 1948, quand la Palestine était administrée par la Grande Bretagne, il y avait la Haganah, l’organisation militaire clandestine juive qui a permis les premiers succès – au moyen d’attentats – contre les Britanniques, et le Groupe Stern qui terrorisait les Palestiniens. Il s’agissait alors de civils qui exerçaient des fonctions militaires. Puis d’autres organisations armées, comme l’Irgoun, ont fusionné avec ces deux-là, et l’armée d’Israël a été constituée. Elle s’est professionnalisée, et peu à peu les civils ont cessé de commander aux militaires. La situation s’est même inversée. Ce sont alors les généraux qui ont commencé à diriger la société israélienne.

 

  • Les militaires ont-ils une si grande influence ? Israël est tout de même une démocratie.

Oui, mais une étrange démocratie. Dans laquelle les militaires exercent souvent des fonctions déterminantes. Pensez, par exemple, à Ariel Sharon, Ehud Barak, Binyamin Netanyahu, Yitzhak Rabin ou Menahem Begin. Tous militaires ou issus d’organisations militaires. Et tous devenus premiers ministres d’Israël.
L’armée israélienne use beaucoup d’officiers et les renouvelle constamment. Du point de vue militaire, c’est une bonne chose parce que le corps des officiers généraux reste jeune et maîtrise les techniques de guerre les plus récentes. Mais la conséquence de ce turn-over rapide c’est que les forces armées envoient à la retraite un grand nombre de généraux. Lesquels, désoeuvrés, en viennent à s’intéresser à la politique. Et parviennent souvent aux plus hautes charges civiles. L’armée finit ainsi par accaparer de très nombreux postes politiques au sein du gouvernement et de la fonction publique.
Et puis, une fois tous les postes politiques pourvus, les nouveaux généraux à la retraite se sont mis à chercher d’autres occupations. Ils en sont ainsi venus à entrer dans les industries de l’armement et à s’intéresser à l’exportation de systèmes de sécurité.

 

  • La guerre comme industrie d’exportation.

C’est cela. Ils ont mis les connaissances acquises dans la guerre ou dans la répression au service d’entreprises spécialisées dans la sécurité et dans la prévention des agressions ou le contrôle des individus. C’est ainsi qu’Israël est devenu l’un des plus grands exportateurs mondiaux de systèmes de surveillance et de sécurité.
Dans cette même logique, on peut dire qu’ils utilisent en quelque sorte la Cisjordanie et Gaza comme d’authentiques laboratoires pour expérimenter et mettre au point de nouvelles techniques de contrôle des individus. Lesquelles pourront demain s’exporter.

 

  • Il y a sans doute beaucoup de pays intéressés par la grande expérience des militaires israéliens en la matière.

Certaines rumeurs courent sur la présence d’officiers américains lors d’incursions militaires en Cisjordanie où ils observent et étudient les méthodes de surveillance, de contrôle, de prévention et de répression mises au point para les experts israéliens. Pour les appliquer ensuite en Irak.
Quoi qu’il en soit, on est en droit de se demander s’il est normal que la démocratie israélienne soit pilotée par des exportateurs d’armes et des industriels de la sécurité qui, naturellement, profitent de la guerre et redoutent la paix.

 

  • Cela expliquerait, selon vous, pourquoi, depuis la "Feuille de route" du 30 avril 2003 et la Conférence internationale d’Annapolis, le 27 novembre 2007, on a si peu avancé vers la paix ?

La célèbre "Feuille de route", rédigée il y a cinq ans par le Quartet [Etat-Unis, Nations Unies, Russie, Union européenne] a échoué. Elle fixait, pour l’essentiel, deux objectifs :1) Israël doit arrêter la colonisation ; 2) les Palestiniens doivent garantir la sécurité des Israéliens. En ce qui concerne le premier point, la colonisation est, cinq ans après la "Feuille de route", onze fois plus importante qu’avant !

 

  • Et sur la sécurité des Israéliens ?

La Palestine n’a pas d’armée, pas de souveraineté, pas de contrôle sur ses frontières. Et malgré cela, on lui demande de garantir la sécurité des Israéliens. En particulier des colons qui, comme leur nom l’indique, colonisent des terres palestiniennes, confisquées aux Palestiniens lesquels sont expulsés, manu militari, de leurs propres terres.
La "Feuille de route" ne parle que de la sécurité des Israéliens. Seulement de leur sécurité. C’est-à-dire de la sécurité des occupants, qui doit être garantie par les occupés. On n’a jamais vu cela !

 

  • Mais la "Feuille de route" a été aceptée et adoptée par les représentants de l’Autorité palestininenne.

Ecoutez, la sécurité c’est aussi la sécurité sociale, la sécurité d’emploi, la sécurité de la propriété, la sécurité des déplacements, etc. Or, de toutes ces sécurités, les Palestiniens en sont privés. Et il faudrait que, en revanche, eux, qui en sont privés, assurent et garantissent la sécurité de leurs occupants. C’est le monde à l’envers !

 

  • Rien ne justifie pour autant des attentats contre des populations civiles.

Je suis bien d’accord. Mais, même si on ne parle que de sécurité physique, regardons les chiffres officiels fournis par les statistiques israéliennes. En 2007, treize Israéliens ont été tués, dont quatre soldats engagés dans des affrontements armés et quatre colons. Dans le même temps, 404 Palestiniens ont été abattus par les Israéliens. A cet égard, les données prennent des proportions hallucinantes. Vous savez que je suis un ferme partisan de la non-violence, mais regardons les chiffres.
En 2000, le ratio entre le nombre de tués palestiniens par rapport au nombre de tués israéliens était de 4 pour 1. Pour chaque Israélien abattu, 4 Palestiniens étaient tués. En 2006, on est passé à un ratio de 27 pour 1 ! En 2007, de 31 pour 1 ! Et, pendant les trois premiers mois de 2008, on en est à 46 pour 1 !
Depuis 2000, environ mille enfants palestiniens ont été tués. Depuis la Conférence d’Annapolis, en novembre 2007, plus de 330 Palestiniens ont été abattus. Dont une quarantaine d’enfants. Cela n’a pas de sens de parler de sécurité que pour un seul camp. Alors que l’autre camp est privé de toute sécurité.

 

  • Pourquoi la situation s’est-elle tellement détériorée ?

A mon avis, pour trois raisons. A cause de la faiblesse du camp de la paix en Israël ; à cause de la faiblesse des Palestiniens ; et à cause du grand silence international. Les autorités israéliennes sont désormais convaincues qu’elles jouissent d’une totale impunité. Elles peuvent tout faire sans risquer la moindre sanction ou une quelconque critique sérieuse. C’est d’ailleurs pourquoi, certains dirigeants politiques israéliens établissent maintenant un véritable apartheid.

 

  • Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

Prenons l’exemple de l’eau qui est un bien précieux et rare dans cette région semi-aride. La Cisjordanie, dans ses frontières de 1967, dispose, en moyenne, de 936 millions de m3 d’eau. Mais seuls 132 millions sont mis concrètement à la disposition des Palestiniens. Le reste, soit 804 millions de m3, sont réservés aux colons israéliens. Cela signifie qu’un Palestinien ne peut utiliser, par an, que 50 m3 d’eau pour tous ses besoins : boire, se laver, cuisiner, l’agriculture, l’industrie, etc. En revanche, chaque colon illégal dispose, par an, de 2.400 m3 d’eau ! 50 pour l’un, 2.400 pour l’autre. 48 fois plus ! Un vrai scandale.
L’ironie cruelle c’est que, de surcroît, ce sont les Palestiniens qui, pour l’essentiel, financent cette eau. Un Palestinien paie 5 shekels [environ 1 euro] l’unité d’eau, alors que, pour la même unité, un colon débourse moins de la moitié de cette somme.

 

  • Pouvez-vous citer un autre exemple ?

Oui. En matière d’énergie, c’est la même chose. Au cours des dernières années, les autorités israéliennes ont détruit la seule entreprise qui produisait de l’électricité en Cisjordanie. Elles ont commencé par lui interdire l’achat de nouveaux générateurs. Puis, elles l’ont obligé à fournir de l’électricité aux colons à prix réduit. Résultat : elle a cessé de produire de l’électricité et se contente de l’acheter en Israël. Désormais, la Cisjordanie importe toute son électricité d’Israël. Là encore, elle est vendue deux fois plus chère aux Palestiniens qu’aux colons. Ceux-ci ne paient l’unité électrique que 6,3 shekels, tandis que les Palestiniens la paient 13 shekels.
De la sorte, les Palestiniens contribuent à financer leur propre colonisation. C’est d’autant plus injuste que la différence de richesse entre Israël et la Palestine est abyssale. Le revenu annuel moyen, par habitant, en Palestine était, il y a quatre ans, de 1.600 dollars américains [environ 1.000 euros]. Il n’est plus actuellement que de 800 dollars. Tandis que celui d’Israël s’élève à 24.000 dollars. Soit 30 fois supérieur !
Malgré cet écart énorme, les Palestiniens sont obligés d’importer d’Israël la plupart des produits qu’ils consomment. Au prix du marché, qui est fonction du niveau de vie israélien. En somme, il nous faut vivre avec des produits aussi chers qu’en Israël, alors que nos revenus sont 30 fois inférieurs...

 

  • Quand vous parliez d’"apartheid", je pensais que vous feriez allusion à la Barrière de séparation.

Oui bien sûr, il y a, en plus, ce Mur de l’apartheid, et puis des centaines de checkpoints qui empêchent la libre circulation des Palestiniens. Et il y a surtout, une "ségrégation routière". Une incroyable mesure discriminatoire qui n’a jamais eu cours dans aucun pays. C’est une innovation de l’occupation israélienne. Cela n’a même pas existé en Afrique du Sud du temps de l’apartheid ; ni aux Etats-Unis du temps de la ségrégation raciale. Dans ces pays, il y avait certes des bus différents pour Blancs et Noirs, ou des bancs différents, dans les mêmes bus, pour Blancs et Noirs. Mais tous les bus circulaient sur les mêmes routes.
Ici, les autorités israéliennes d’occupation ont construit des routes exclusivement réservées aux colons et à tous les Israéliens. Interdites aux Palestiniens. Si, par exemple, moi, pourtant député du Parlement palestinien, ancien ministre, je venais à emprunter l’une de ces routes, ou ne serait-ce qu’à m’y promener à pied, je serais immédiatement arrêté et condamné à six mois de prison.
Cette ségrégation s’applique aussi aux Palestiniens de Jérusalem-Est. Ils n’avaient pourtant pas bougé de chez eux. Ils habitaient Jérusalem depuis des siècles. Ce ne sont pas eux qui sont allés en Israël. Mais un jour, en 1967, c’est Israël, par la conquête militaire, qui est venu chez eux. Et quelque 340 000 Palestiniens sont automatiquement devenus des "résidents temporaires".

 

  • Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie qu’ils sont en sursis. Que leur droit de résider à Jérusalem peut leur être retiré à tout instant. Un exemple : Israël accorde rarement un permis de construire aux Palestiniens de Jerusalem-Est et toujours après de très longues obstructions. Si l’un d’eux, parce qu’il veut se marier, décidait de construire une maison en Cisjordanie, il perdrait immédiatement le droit de résider à Jerusalem. Là où il est né !
Alors qu’un Juif venu de n’importe où dans le monde, dès qu’il arrive en Israël se voit tout de suite attribuer la nationalité israélienne, et a droit à une maison en Cisjordanie s’il le veut. Dès l’instant où il pose le pied en Israël, cette personne a plus de droits qu’un Palestinien né ici et dont la famille est ici depuis des siècles, sinon des millénaires.

 

  • Depuis des siècles, sinon des millénaires, les Juifs ont été victimes de ségrégations, de persécutions, de racisme, et même, en Europe, d’une monstrueuse tentative d’extermination. N’est-il pas normal qu’Israël accueille tous ceux qui souhaitent vivre à l’abri de l’antisémtisme ?

Je suis le premier à condamner l’antisémitisme. Et à reconnaître que les Juifs ont terriblement souffert de l’Holocauste. Comme mon ami Edward Said, je dis que nous, Palestiniens, nous devons prendre conscience du crime monstrueux qu’a représenté l’Holocauste. Mais cela ne signifie nullement accepter l’idée que l’Holocauste excuse le sionisme des souffrances infligées aux Palestiniens. Le fait d’avoir souffert tant de persécutions ne leur donne pas le droit de pratiquer, à leur tour, une politique de dépossession à l’encontre d’un peuple qui ne porte aucune responsabilité dans les crimes commis contre eux. Car, ici et aujourd’hui, c’est la politique de ségrégation et d’injustice d’Israël qui saccage des milliers de vies palestiniennes. J’ajouterais que ceux qui nous persécutent aujourd’hui ne sont pas les victimes directes de l’Holocauste. Je suis presque sûr que si celles-ci pouvaient voir ce que nous, Palestiniens, subissons, elles ne l’accepteraient pas. Car cela leur rappellerait leur propre souffrance.
Il y a des familes palestiniennes dont le mari et la femme ne peuvent plus vivre ensemble. Si l’un d’eux, par exemple, quitte Jerusalem-Est pour rejoindre l’autre en Cisjordanie, il perd sa résidence et souvent son gagne-pain à Jerusalem. C’est terrible.
Et encore plus terrible, ce silence international autour de toutes ces injustices. On en vient à penser que le monde ne veut rien savoir de notre tragédie. Qu’il ferme les yeux et se bouche les oreilles. Le malheur palestinien est orphelin.

 

  • Parlez-moi de votre organisation, Al Mubadara, l’Initiative nationale palestinienne.

Avec l’un des fondateurs de l’OLP, le Dr Haidar Abdel-Shafi [décédé le 25 septembre 2007], avec Ibrahim Dakkak ainsi que des personnalités comme Edward Said et d’autres intellectuels, nous avons décidé, en juin 2002, de fonder un nouveau mouvement, l’Initiative nationale palestinienne (INP) [2].
Nous avions été choqués par les Accords d’Oslo, en 1993. J’avais moi-même fait partie de la délégation palestinienne qui avait participé à la Conférence de Madrid en 1991. Oslo n’était qu’un instrument pour tromper les gens. Son véritable but était de démanteler le projet de souveraineté palestinien. Les acords d’Oslo ont remplacé l’idée d’indépendance et de souveraineté par celle d’Autorité palestinienne. C’était un tour de passe-passe. En fait, Oslo a cherché à créer un Bantoustan [3].

 

  • Pourquoi l’OLP a-t-elle accepté de signer de tels accords ?

Je pense que l’OLP est tombé dans un piège. Par ailleurs, Yasser Arafat était très inquiet. En devenant président de la nouvelle Autorité, il aurait dû cesser d’être le patron de l’OLP. Mais il ne voulait pas créer un leadership alternatif en permettant l’élection d’un nouveau chef de l’OLP à sa place. C’est pourquoi il a préféré diluer son organisation au sein de l’Autorité palestinienne.

 

  • Vous avez souvent accusé l’Autorité palestinienne de corruption.

Oui, nous avons dénoncé sa grande corruption. Une corruption indiscutablement encouragée par Israël qui a confié à l’Autorité palestinienne le monopole de quantité de services et de travaux. Ce qui devait, inévitablement, entraîner des entorses, des fraudes, des enrichissements illicites. Alors, beaucoup de citoyens, écoeurés par cette corruption se sont tournés vers le Hamas, organisation fondamentaliste certes, mais qui, à partir d’une position d’intégrité, dénonçait la malhonnêteté et l’avilissement moral de l’Autorité.

 

  • L’Initiative nationale palestinienne représente-t-elle une solution de rechange à l’Autorité ?

Pas seulement à l’Autorité. Nous pensons que la Palestine a besoin en effet d’une alternative. Mais pas fondamentaliste. Nous proposons une alternative non-fondamentaliste. Et nous misons sur la non-violence. Non pas par opposition à la résistance. Car la résistance d’un peuple occupé est légitime, reconnue et autorisée par le droit international, à condition de ne pas faire de victimes civiles.

 

  • Vous êtes donc partisan d’une résistance non-violente ?

Oui. Notre idée c’est la résistance de masse non-violente. Je pense, par exemple, à la première Intifada ou "guerre des pierres" commencée en décembre 1987, qui a sauvé l’OLP du désastre. C’est un bon exemple de résistance de masse non-violente.
Si nous avions pu conclure les négociations avec Israël à ce moment-là, sans gâcher les résultats de la première Intifada [qui a duré jusqu’en septembre 1993], il n’y aurait pas eu d’Oslo, nous aurions une paix durable. Mais les Israéliens ont choisi de signer ces Accords avec une direction de l’OLP qui était, à l’époque, affaiblie et fragile.
Aujourd’hui, la plupart des Palestiniens sont écoeurés par le choix binaire auquel ils sont réduits : ou le Fatah, obéissant et corrompu, ou le Hamas, fondamentaliste religieux. L’INP constitue une autre option pour conduire la résistance palestinienne.

 

  • Vous pensez vraiment que la résistance non-violente est une option réaliste ?

Bien entendu. En partant d’une stratégie à quatre composantes : 1) fomenter une résistance non-violente de masse ; 2) aider les gens à résister, en stimulant leur résilience et en les aidant dans leur vie de tous les jours ; 3)s’appuyer sur un fort mouvement de solidarité international, comme celui contre l’Afrique du Sud ; 4) un leadership unifié.

 

  • Comment comptez-vous constituer une masse critique suffisante pour que votre stratégie ait des chances de l’emporter ?

Le Fatah et le Hamas s’appuient sur la force. Nous, nous misons sur la démocratie. La question de la démocratie est décisive pour atteindre le succès. C’est une pré-condition fondamentale pour la paix. Car une paix n’est durable que si elle est négociée entre deux formations démocratiques.

Une partie ne peut imposer une solution par la violence à l’autre. Si vous l’emportez par la violence, ce n’est pas démocratique. Aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, ni Hamas ni le Fatah ne sont démocratiques.
Au lieu de dépenser leur énergie à se partager les postes de l’administration, le Hamas et le Fatah feraient mieux de parier sur la démocratie. Car tous deux pratiquent des formes, particulièrement inacceptables, de violence interne : le clientélisme et le népotisme.
A cet égard, l’INP est très différente du Hamas et du Fatah qui demeurent enracinés dans les défauts et les travers de la société traditionnelle. Ils ont tendance à transformer leur parti en tribu. Je ne dis pas que les deux organisations sont identiques. Il y a des différences entre elles. Par exemple, le Hamas n’est pas corrompu, et il fait preuve, sur le plan politique, d’une grande cohérence. Mais, tous deux possèdent des caractéristiques communes. Notamment, ces penchants pour le clientélisme et le népotisme.

 

  • Quelles sont vos chances de réussir ?

Le futur dépend de notre capacité à convaincre les Palestiniens de l’efficacité de notre stratégie en quatre points, citée précédemment. De surcroît nous disposons d’un agenda social. Nous réclamons l’état de droit, les droits liés à la citoyenneté, les droits de la femme, les droits des enfants, des handicapés, les droits sociaux, bref, le respect intégral de tous les droits humains. Et cet agenda social nous le concevons très directement articulé à notre agenda politique.

 

  • Quelle formule politique préconisez-vous pour sortir enfin de cet interminable conflit ?

Nous pensons que la meilleure solution est celle des deux Etats. C’est la façon la plus facile d’arrêter toutes les souffrances. Mais je me demande si cette solution est encore viable. Car, pour que cela puisse se faire, Israël doit détruire le Mur de l’Apartheid, stopper la colonisation et démanteler les installations des colons. Or il ne le fait pas. Et les colonisations – sauvages ou autorisées – se poursuivent et s’étendent. Songez qu’entre 1993 et 2006 le nombre de colons a plus que doublé. Ils sont plus de 230 000 à Jerusalem-Est et plus de 250 000 en Cisjordanie. Ils représentent déjà 25% de la population de la Cisjordanie et occupent plus 40% de notre territoire. Si cela continue, je ne sais pas ce qui va se passer. Mais je peux vous assurer que les Palestiniens n’accepteront jamais de devenir des sortes d’esclaves d’un Bantoustan.
En revanche, je peux aussi vous garantir que si les Israéliens acceptent la solution des deux Etats, sur la base de la Conférence de Madrid, tous les Palestiniens l’accepteront. Même le Hamas.

 

  • Et si non ?

Alors, il reste la solution d’un seul Etat dans lequel cohabiteraient Israéliens et Palestiniens. Une telle solution ne peut être viable que si cet Etat est vraiment démocratique, sans ségrégations, ni discriminations. Mon sentiment profond c’est qu’on doit se préparer à une longue lutte contre un nouveau type d’apartheid.

 

  • Que peuvent attendre les Palestiniens des Etats arabes ?

Le monde arabe est divisé, manipulé, y compris par Israël, l’adversaire le plus rusé qu’il ait jamais affronté. Il se trouve dans un piètre état pour des raisons internes : absence de démocratie, régimes instables. Et parce qu’ils sont instables et vulnérables, ces régimes ont besoin de l’Occident.
L’échec du monde arabe réside dans l’inexistence, en son sein, d’un seul régime vraiment démocratique. Méprisés politiquement et appauvris socialement, les citoyens se tournent alors vers le fondamentalisme religieux.
Mais il faut ajouter que le monde arabe se caractérise aussi par l’absence de nombreux droits, en particulier des droits des femmes et des droits des jeunes. Or la majorité de la population y est très jeune. En Palestine, par exemple, 70% des habitants ont moins de 30 ans. Ces jeunes ont besoin de changements, de visions nouvelles, de perspectives, bref, d’espérance. Et ils ne voient rien venir. Si on ne leur donne pas d’espoir, ces jeunes iront eux aussi vers le fondamentalisme.
Un des problèmes principaux des partis arabes traditionnels, c’est qu’ils n’ont pas fait de travail de formation de la jeunesse. Ils ont ainsi laissé le champ libre aux mouvements religieux.

 

  • En mars 2002, au Sommet arabe de Beyrouth une "initiative de paix arabe" a été proposée par l’Arabie saoudite. Pensez-vous qu’elle reste d’actualité ?

L’"initiative de paix arabe" se définit en trois points : 1) fin de l’occupation israélienne de la Cisjordanie, Gaza, Jerusalem-Est et le Golan ; 2) droit de retour pour les réfugiés palestiniens ; 3) si ces deux premières conditions sont remplies, reconnaissance d’Israël par l’ensemble du monde arabe.
Mais Israël ne veut pas de cette solution. Il suffit de constater que la réaction israélienne à cette proposition a été de réoccuper la Cisjordanie en commettant un massacre [4]. Ensuite, les Etats-Unis ont sorti de leur chapeau, le 30 avril 2003, la "Feuille de route" dans le but précisément de contourner l’"initiative de paix arabe". De toutes façons, l’expérience montre qu’Israël détruit systématiquement toute possibilité d’un Etat indépendant et viable palestinien.

 

  • Et en général le monde arabe laisse faire.

En effet. Surtout parce qu’il y a une très grande contradiction entre les ambitions des dirigeants arabes d’un coté, et de l’autre les aspirations des sociétés arabes. Les dirigeants sont le plus souvent coupés de leur peuple et s’en méfient.

 

  • Des extrémistes, en Israël, proposent d’expulser les Palestiniens au-delà du Jourdain. Cela vous inquiète-t-il ?

L’expulsion des Palestiniens est effectivement l’objectif ouvert et affiché des extrémistes israéliens. Mais c’est aussi l’objectif dissimulé, caché, masqué de l’ensemble de l’establishment israélien. Bien sûr, ils ne peuvent plus faire ouvertement ce qu’ils ont fait en 1948 et qu’a si magistralement dénoncé l’historien israélien Ilan Pappé [5]. Aujourd’hui, ils se bornent à créer des conditions de vie tellement insuportables pour les Palestiniens qu’ils misent sur la lassitude et le ras-le-bol. Ils pensent que, puisque la vie est littéralement impossible ici, les Palestiniens finiront bien par s’en aller d’eux-mêmes. Ils nous encouragent à émigrer et partir.
Acuellement, les Israéliens voudraient rattacher Gaza à l’Egypte, comme avant 1967, pour ainsi se débarrasser de 40% du problème palestinien.
En 1967, devant l’avancée fulgurante des forces armées israéliennes, certains Palestiniens sont partis. Mais la plupart sont restés. Parce qu’ils savaient ce qui était arrivé à ceux qui avaient fui en 1948 et qui se trouvent toujours, encore aujourd’hui, ici même en Cisjordanie ou à Gaza, au Liban ou en Jordanie, dans des camps de réfugiés. Ils ne voulaient pas subir l’humiliation et le calvaire des réfugiés-expulsés de 1948.

 

  • Vous aviez 13 ans en 1967. Vous souvenez-vous de l’arrivée des forces israéliennes ?

Bien sûr. J’étais très jeune à l’époque, mais je me rappelle que mon père nous a dit : "Nous restons. On ne bouge pas d’ici. Plutôt mourir sur notre terre que partir comme des errants sans foyer." Ce choix de ne pas bouger est la plus grande réussite stratégique palestinienne. L’ironie c’est qu’elle n’a pas été décidée par une équipe de dirigeants. Ce fut une décision collective adoptée spontanément par le peuple. Comme la première Intifada, déclenchée en décemre 1987. Cela montre que le peuple palestinien est en avance sur ses dirigeants. Et qu’il possède une incroyable aptitude à rebondir.
En 1967, nous ne sommes pas partis. Les Israéliens n’ont pas réussi à nous effrayer pour nous chasser. Nous sommes toujours ici. Et il faudra compter avec nous.

 

  • Au milieu de tant de violences, pourquoi continuez-vous de parier sur la non-violence ? N’est-ce pas un peu utopique ?

Beaucoup de gens disent que le seul langage que comprend Israël est celui de la force. En ce sens, Israël se comporte comme toutes les autres puissances coloniales. Car aucun Etat colonialiste n’a jamais compris pourquoi les gens qu’il colonisait ne voulaient pas de lui et désiraient qu’il parte. Ce fut le cas, par exemple, de la France en Algérie, ou celui de l’Angleterre en Inde, au Kenya ou au Yemen.
Mais pour moi, la force n’est pas seulement militaire. C’est la force de la non-violence qui a mis fin au colonialisme en Inde et au régime raciste de l’aparheid en Afrique du Sud.
Si nous parvenons à mobiliser une majorité de citoyens palestiniens en faveur de l’idée d’une résistance de masse non-violente, je crois que nous commencerons à apercevoir la paix pour cette région. Une paix juste pour les deux parties, fondée sur la justice, les droits humains et la démocratie. Et débouchant sur une prospérité partagée.

 

(Propos recueillis par Ignacio Ramonet, avec l’aide de la Fundació Alfons Comín et de l’association Mémoire des Luttes, à Ramallah, Cisjordanie, le 26 mars 2008. Relus et amendés par leur auteur.)

 


 

BIBLIOGRAPHIE :
Moustapha Barghouti, Rester sur la montagne. Entretiens sur la Palestine avec Eric Hazan, La Fabrique, Paris, 2005.

SUR LA TOILE :
www.palestinemonitor.org/spip/
Un journal en ligne, réalisé avec talent à Ramallah, qui diffuse, d’un point de vue non-violent, une information fiable, proposée souvent par des témoins directs, sur les abus en matière de droits humains commis en Cisjordanie par les forces d’occupation.

www.almubadara.org/new/english.php
Site officiel du mouvement non-violent Al Mubadara, Initiative nationale palestinienne. On y trouve de nombreuses informations sur l’activité politique en Palestine ainsi que les discours et déclarations du Dr Barghouti et d’autres personnalités du mouvement.

 




[1NDLR. Cf. Haaretz, Tel Aviv, 9 décembre 2007. Lire aussi The New York Times du 30 août 2005 : selon un rapport du Congrès des Etats-Unis, les cinq principaux exportateurs d’armes du mondeétaient, en 2004, dans cet ordre : les Etats-Unis, la Russie, le Royaume Uni, Israël et la France.

[2Sur l’histoire d’Al Mubadara et pour connaître ses statuts, consulter : http://archive.ramallahonline.com/modules.php?name=News&file=article&sid=2049

[3NDLR. Les bantoustans étaient des régions situées en Afrique du Sud et en Namibie réservées aux populations noires. Elles jouissaient de différents degrés d’autonomie durant la période d’apartheid en Afrique du Sud et durant le mandat sud-africain sur le Sud-Ouest Africain (1948-1994). Aujourd’hui, le terme bantoustan désigne aussi, par extension, tout territoire ou région dont les habitants sont victimes de discriminations et se sentent considérés comme des « citoyens de deuxième classe » dans leur propre pays.

[4NDLR. La réoccupation de la Cisjordanie, ou « Opération Rempart », a été officiellement déclenchée suite à un attentat particulièrement meurtrier dans la ville de Netanya (« le massacre de Pâques ») le 27 mars 2002, revendiqué par le mouvement islamiste Hamas. L’attentat a fait plus de 30 morts et une centaine de blessés graves. « Rempart » a consisté en une réoccupation de la plupart des villes palestiniennes de Cisjordanie, principalement Ramallah, Bethléem, Naplouse (où des combats particulièrement violents dans la casbah ont occasionné la mort de 78 Palestiniens), et Jénine (où 52 Palestiniens sont morts dont près de la moitié des civils). Au total, il y a eu, entre le le 1er mars et le 7 mai 2002, 497 Palestiniens tués et 1.447 blessés. Cf. Rapport du Secrétaire général de l’ONU, New York, 1er août 2002.

[5NDLR. Ilan Pappé, Le Nettoyage ethnique de la Palestine, Fayard, Paris, 2008. Lire aussi, Dominique Vidal (avec Sébastien Boussois), Comment Israël expulsa les Palestiniens(1947-1949), L’Atelier, Paris, 2007.



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