Le bilan du gouvernement de Porfirio Lobo Sosa, un an après le début de mon exil forcé et illégal, montre des résultats négatifs et décourageants. Devant l’envergure de cette crise, tous les honduriens ont inévitablement pour devoir de proposer des solutions réelles et honnêtes, puisque tout au long de ces 12 mois, la tendance du gouvernement et de ses actions a été d’empirer la situation socio-économique et politique du pays.
Les événements qui affectent la vie nationale sont graves et, pris dans toute leur dimension, ils résultent de l’absence absolue de sensibilité face aux souffrances indicibles de la majorité de la population (ouvriers, paysans, professeurs et tous les travailleurs) tandis que ceux qui sont à l’origine du conflit constituent toujours le pouvoir réel du pays.
Le bilan économique a été négatif, tous les indicateurs de base montrent le déclin, l’endettement, l’augmentation du panier de produits de première nécessité, des combustibles, de l’électricité, tout cela dans l’insécurité juridique et le crime. Ils ont fait du Honduras l’un des trois pays les plus violents du monde. Les pronostics d’amélioration sont très réservés pour 2011. Sept familles sur dix vivent sous le seuil de pauvreté et la situation semble encore s’aggraver à cause du manque d’investissement public et le comportement à la hausse des marchés internationaux, surtout en ce qui concerne les produits alimentaires et les carburants. La situation à l’extérieur est contradictoire. La réintégration du Honduras dans l’Organisation des États Américains (OEA), d’où il a été suspendu depuis le coup d’Etat, n’a pas pu se réaliser. Les demandes formulées par la communauté latino-américaine ont été éludées et ignorées par le gouvernement de Porfirio Lobo. Ceci est considéré par tout le continent comme un échec cuisant de son administration depuis un an.Peuple hondurien, il est impossible de prendre en considération la volonté du gouvernement de parvenir à une réconciliation nationale car le discours conciliateur de Porfirio Lobo Sosa est contre-dit par sa politique de persécution et de répression contre le peuple en résistance. De plus, le Front national de résistance populaire n’est toujours pas formellement reconnu comme une opposition authentique dans le pays.
La politique agraire du gouvernement,qui se caractérise par la dualité, est une sérieuse menace contre la stabilité et la possibilité de paix dans les campagnes. Le manque de contrôle sur les groupes paramilitaires privés, responsables de 90% des violations des droits humains, entraînent toujours plus de tragédies et surtout de massacres dans les zones urbaines et rurales du pays.
Le gouvernement de Porfirio Lobo Sosa a ignoré nos appels répétés à la réconciliation et à en finir avec l’impunité de la classe dominante. Il préfère que les firmes administratrices de la justice continuent de manipuler la jurisprudence et de maintenir la persécution politique à mon encontre, et ce malgré la condamnation mondiale et la répudiation populaire dont il fait l’objet.
Nous devons reconnaître dans le bilan législatif les réformes de l’article 5 de la Constitution qui sont une réponse correcte aux aspirations du peuple. Il n’en est pas de même en ce qui concerne les concessions visant à démembrer le territoire national en cités-États.
Devant ces circonstances, nous appelons de nouveau le peuple à se faire l’avant-garde de la lutte et le gouvernement à reconsidérer ses positions, à cesser toute persécution politique ainsi que la répression massive et sélective de la résistance, à rendre aux enseignants leurs acquis, aux paysans leurs terres, aux ouvriers leurs salaires, un pas essentiel pour initier le processus de restauration démocratique dans le pays.
José Manuel Zelaya Rosales
Président du Honduras (2006-2010)
Coordinateur général du Front national de résistance populaire
Traduction : Guillaume Beaulande