Lecture .Écrite par Fernando Morais, le premier tome de la biographie de Luis Inácio Lula da Silva nous invite à vivre une trajectoire humaine exceptionnelle. Bien au-delà des jugements et des controverses, l’actuel président du Brésil est sans conteste l’une des figures les plus saillantes de l’histoire contemporaine de son pays et de l’Amérique latine. Seul parmi les dirigeants d’une grande nation à être issu de la classe ouvrière et de ses luttes (mécanicien-tourneur dans l’industrie métallurgique), figure d’envergure internationale, leader « magnétique » d’un parti enraciné dans l’action syndicale et les mouvements populaires, Lula a incarné, durant les 14 ans de gouvernement du Parti des travailleurs (2003-2016), la métamorphose du « géant anémique » Brésil et son entrée sur la scène mondiale comme puissance prospère et apaisante, engagée dans le rééquilibrage des forces géopolitiques.
Avec un récit captivant, qui utilise les allers-retours chronologiques à la manière d’un polar, le grand reporter et écrivain Fernando Morais part de l’épisode de l’arrestation de Lula en 2018 – à la veille des élections qui conduiront l’extrême droite au pouvoir au Brésil –, avant de revenir sur l’enfance difficile du leader syndicaliste, sur son évolution personnelle et son engagement indéfectible dans la lutte contre le régime militaire.
Au-delà d’un parcours hors norme, Morais nous donne à voir les mouvements profonds ayant parcouru et transformé la société brésilienne depuis les années sanglantes de la dictature militaire des années 1960 jusqu’au retour de la vie démocratique, un quart de siècle après.
Le deuxième volume de cette biographie, à paraître en 2025, sera celui de Lula élu, d’abord comme député fédéral à la Constituante en 1987, puis comme chef d’État en 2002, 2006 et 2023.
Fernando Morais, Lula – De la lutte syndicale au combat politique, Éditions Ithaque, Paris, janvier 2024, 304 pages, 29 euros.
Soirée de lancement du livre
Le vendredi 26 janvier 2024 à 19 heures, à la librairie Compagnie, 58, rue des Écoles, Paris 5e, soirée de lancement du livre de Fernando Morais Lula – De la lutte syndicale au combat politique.
Programme de la soirée : conférences de Ignacio Ramonet, Gilles de Staal et Michael Löwy, suivies d’un échange avec l’auteur et d’un débat avec le public. Cocktail, signature.
Fernando Morais, né au Brésil en 1946, est journaliste et écrivain. Ancien grand reporter à la revue Veja et au quotidien Folha de São Paulo, il a reçu à plusieurs reprises le prestigieux Prix Esso de journalisme. Auteur d’une œuvre littéraire traduite dans trente-six pays, il a vu ses textes être adaptés au cinéma et à la télévision. Parmi ses œuvres littéraires, citons A Ilha (1976), récit de son expérience à Cuba où il vécut plusieurs années ; la biographie d’Olga Benário, militante communiste juive allemande, assassinée à Bernburg en 1942 (publiée en français par Chandeigne en 2015), et Os Ultimos Soldados da Guerra Fria (2011), roman sur les agents secrets cubains aux États-Unis.
Ignacio Ramonet, écrivain et journaliste franco-espagnol, a été critique de cinéma aux Cahiers du Cinéma et Libération, avant de diriger le prestigieux journal Le Monde diplomatique. Il est actuellement directeur de l’édition espagnole du Monde diplomatique, et éditorialiste de politique international auprès de différentes agences de presse, en Allemagne, Grèce, Japon et Hollande. Il est à l’origine de l’association ATTAC, dont il est président d’honneur. Auteur de plusieurs livres de géopolitique et de théorie critique des médias, il a notamment publié : L’Empire de la surveillance. Suivi de deux entretiens avec Julien Assange et Noam Chomsky (Galilée, 2015).
Michael Löwy, sociologue et philosophe franco-brésilien, il a été professeur aux universités de Cassel, Manchester, Tel-Aviv et Paris 8 et enseigne à l’École de Hautes Études (EHESS) depuis 1981. Nommé directeur de recherches émérite au CNRS1 en 2003, il a reçu la médaille d’argent du CNRS et le Prix européen Walter Benjamin. Il est l’auteur de centaines d’articles et de très nombreux ouvrages sur l’Amérique latine, sur Marx, Lukäcs, Walter Benjamin et Franz Kafka, traduits en plus d’une vingtaine de langues. Ses dernières publications sont : Kafka, Welles, Benjamin. Éloge du pessimisme culturel (Le Retrait, 2019) et La Comète incandescente. Romantisme, surréalisme, subversion (Le Retrait, 2020).
Gilles de Staal (dit Harpo), journaliste français, engagé dès 1965 dans les mouvements de la gauche révolutionnaire (JCR), participe à l’avènement de la presse alternative dans les années 1970 – Rouge, Politique hebdo, Libération –, et dirige l’hebdo Révolution !... Co- fondateur, avec Bernard Langlois et Rémy Galland, de Politis, il est, de 1995 à 2006, envoyé spécial et grand reporter au Brésil pour l’Humanité et Le Monde diplomatique. En 1999, il publie pour L’Humanité la première grande interview de Lula dans un quotidien français. Il a traduit en français les Manifestes et l’œuvre théâtrale du dramaturge brésilien Oswald de Andrade (à paraître), et est l’auteur de Mamadou m’a dit (Syllepse, 2008), ouvrage sur les luttes de l’immigration ouvrière africaine en France dans les années 1970.
